L’aphte
se manifeste par une ulcération, symptôme commun à plusieurs formes
cliniques que l’on peut classer en 3 groupes :
II - ETIOLOGIE :
D’étiologie
inconnue, plusieurs théories ont pu être avancées. Pour certains, il
s’agirait d’un phénomène vasculaire de type microthrombophlébite, pour
d’autres les aphtes récidivants seraient liés à des " phénomènes
immunologiques humoraux ou à médiation cellulaire dirigés contre des
antigènes streptococciques et de la muqueuse buccale humaine " (6).
Cependant, on peut énumérer des facteurs favorisants connus :
. Sexe : prédominance féminine. Cycle menstruel, grossesse.
. Hérédité : famille à " aphtes buccaux ".
. Stress psychique : troubles psychiques, chocs émotifs, dépressions.
. Traumatisme : morsure de la muqueuse, blessures, arêtes de poisson, prothèses dentaires.
. Aliments : noix, fraises, épices, certains fromages (gruyère), crustacés.
. Médicaments : aspirine, antibiotiques, psychotropes, antimitotiques.
. Virus HIV et immunodépressions.
. Infections bactériennes.
III - DIAGNOSTIC :
1 – Diagnostic positif :
. L’ulcération apparaît après une sensation de brûlure.
. La première poussée survient chez le sujet jeune, 10 à 20 ans.
. Les aphtes seront de dimension et de nombre variable.
. L’ulcération est plus ou moins profonde, recouverte de fibrine et entourée d’un tissu érythémateux.
.
Les zones les plus fréquemment atteintes sont la muqueuse de la joue,
la langue et le plancher buccal. Il est rare d’en trouver sur les zones
de la muqueuse buccale, normalement kératinées, c’est-à-dire le palais
dur et la gencive.
De même, il est plus rare de trouver des
aphtes chez le sujet fumeur que chez le patient non fumeur, ceci pouvant
s’expliquer par l’hyperkératose muqueuse qu’entraîne le tabac.
Diagnostic différentiel :
. Plaques muqueuses syphilis secondaires : érosions rouges non ulcérées.
. Dermatoses bulleuses : érythème polymorphe bulleux, pemphigus.
. Lichen.
. Primo infection herpétique.
. Stomatite aphtoïde avitaminique (avitaminose PP).
.
Carcinome épidermoïde et aphte géant. L’ulcération tumorale maligne est
caractéristique avec un versant interne cruenté avec un fond contenant
des débris nécrotiques. Cette ulcération repose sur une base indurée.
. Neutropénie.
IV - FORMES CLINIQUES :
1 – Aphte " vulgaire " : c’est l’aphte " accidentel ".
Fréquent chez l’enfant. Peut être unique ou multiple.
Débute
par une sensation de cuisson, puis survient une ulcération, punctiforme
ou lenticulaire, à bords nets et fond jaunâtre " beurre frais ",
entourée d’une muqueuse rouge vif.
Peut être très douloureuse,
gênant la mastication, pouvant entraîner une dysphagie et une
hypersalivation. Dépassant 1 cm de diamètre, on parlera alors d’aphte
géant, plus mutilant et pouvant laisser des cicatrices après guérison.
2 - Aphtes récidivants :
Ce
sont des ulcérations récurrentes, dont les facteurs favorisants sont
liés à l’hérédité, l’immunité, le stress et des modifications hormonales
chez la femme.
Le nombre par poussée varie de 1 à 5 ou 10.
Guérissent en général en 1 à 3 semaines, période durant laquelle ils
peuvent être très invalidants.
3 - Maladies aphteuses :
Ce sont des maladies générales associant aphtes buccaux et aphtes atteignant d’autres organes ou viscères.
Le
diagnostic de ces maladies permettra au chirurgien-dentiste de diriger
ces malades vers des services spécialisés ORL, stomatologie,
dermatologie, gynécologie ou médecine interne.
On citera :
3.1. L’aphtose génitale : aphtose bipolaire
: les aphtes génitaux se rencontrent plus souvent chez la femme,
atteignant les grandes et petites lèvres, la région périnéo-anale, le
vagin, le col utérin. Chez l’homme, atteinte du gland et du scrotum.
L’association aphtes buccaux et génitaux réalise l’aphtose bipolaire.
3.2. La grande aphtose de Touraine ou syndrôme de Behcet : associe des aphtes buccaux, aphtes génitaux, lésions cutanées, atteintes viscérales, oculaire.
3.3. Périadénite de Sutton
: aphtes géants ulcéro-nécrotiques reposant sur des nodules
inflammatoires, siégeant de préférence sur les joues, les lèvres, les
bords et la pointe de la langue, le palais, le voile et les piliers
amygdaliens.
Le terme de " périadénite " s’explique par la prédominance des lésions inflammatoires autour des glandes salivaires accessoires.
V- Aphtes et HIV :
Augmentation
de l’atteinte aphteuse chez le sujet séropositif. Souvent aphtes
géants. Contrairement aux autres formes cliniques, les ulcérations
peuvent apparaître au niveau de la muqueuse kératinisée comme la gencive
et le palais dur.
VI - TRAITEMENT :
l n’existe pas de traitement unique efficace dans le traitement des
aphtoses buccales. Le traitement local ou général sera adapté suivant la
forme clinique et le degré d’atteinte.
1 - Traitement préventif :
Recommandé dans les aphtoses récidivantes et vise à éviter ou supprimer les facteurs favorisants :
. Mise en état buccale : suppression des épines irritatives dentaires ou prothétiques.
Suppression des foyers parodontaux perturbant l’équilibre immunologique et bactérien buccal.
. Vitaminothérapie : vitamine C
. Immunothérapie : imudon
. Suppression des aliments favorisants l’apparition des aphtes.
2 - Traitement local :
Institué dans les cas d’aphtes vulgaires ou d’aphtoses récidivantes.
Action antiseptique :
-
Attouchements d’acide trichloracétique qui apporte un soulagement
rapide, dans l’heure, mais implique un risque de brûlure et de nécrose
muqueuse.
- Bains de bouche à base de chlorexidine (ELUDRIL).
- Applications de pyralvex (extrait de salicylé et sodé de rhubarbe)
- Aesine : gel de FLOGENCYL.
- Substances aromatiques : BOROSTYROL.
- Action antalgique et anesthésiante : dynexan ( lidocaine 2%).
- Application 2 à 3 fois d’un crayon au nitrate d’argent
-
Action anti-inflammatoire : Lyso 6 : association de lysozyme et Vit.
B6. Immunothérapie : Imudon. Composé de lysats hyophilisés de divers
germes buccaux.
- Corticoïdes : Betnéval sous forme de tablettes à laisser fondre.
- Antiulcéreux gastriques (maalox, gaviscon) : solutions utilisées en bains de bouche.
- Aspégic sachet en bains de bouche concentré
3 - Traitement général :
S’adresse
aux aphtoses récidivantes et aux maladies générales aphteuses. .
Vitamine C : KUFFER recommande une injection intraveineuse de 2 g par
jour pendant 15 jours. Cette même dose sera poursuivie per os pendant
des mois en intercalant une injection IV par semaine.
On peut citer
également des traitements d’Isoprinosine (immunomodulants),
d’Immunodépresseurs, tels que la cyclophosphamide (Endoxan), le
chlorambucil (Chloraminophène). En fait, les traitements efficaces par
voie générale sont : la colchicine, la corticothérapie et la
thalidomide. Colchicine : prescrite à la dose de 1 mg par jour pendant
des mois. Prévient les récidives dans environ 50 % des cas.
Corticothérapie brève : (Prednisone 0,5 mg/Kg/jour per os). Action
rapide. Présente l’avantage d’obtenir une cicatrisation rapide des
lésions pour un traitement de courte durée (1 semaine environ) donc sans
les inconvénients d’une corticothérapie au long. Thalidomide :
hypnotique non barbiturique. Délicate d’utilisation pour son effet
tératogène et neurologique. Traitement réservé à certains spécialistes
hospitaliers.
Le patient devra être informé par écrit des effets
secondaires. Action très rapide, remarquable autant sur les poussées en
cours que les récidives. La thalidomide est le traitement de choix de
l’aphtose atteignant le sujet séropositif pour le HIV.
VII – BIBLIOGRAPHIE
: 1 – BELAICH S. Aphtes, Aphtoses, Revue du praticien 1978.28.21 (11
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Aphtes et Aphtoses bucco-pharyngés. Réalités cliniques. Vol n° 2
1997.pp. 141.149. 3 – DECHAUME M., GRELLET M., LAUDENBACH P., PAYEN J.
Précis de stomatologie 5ème édition MASSON. Pp.23.24. PARIS 1979. 4 –
GODEAU P., POMPIDOU A., COMMISSIONAT Y., FISHER J.C., RAGOT J.P.,
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Editions techniques. Paris 22050 N10,1.14. 1992. 8 – SAMSON J.,
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Efficacité de la thalidomide. Cahiers de stomatologie et de chirurgie
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